Mise en contexte
Une lésion de la moelle épinière peut entrainer des altérations au niveau des sensations et des actions motrices. Au niveau mondial, il y a plus de 2 millions de personnes qui sont blessées médullaires. Malgré qu’il diffère dans les régions du monde, le taux global d’incident de lésion à la moelle épinière est estimé à 179 312 cas par années. Les hommes âgés de 18 à 32 ans, ainsi que les personnes de plus de 65 ans sont les populations les plus touchées par une lésion de la moelle épinière. La lésion est souvent accompagnée par des problèmes au niveau des relations sociales et économiques, ainsi qu’au niveau mental et physique. C’est pour ces raisons qu’il est important d’améliorer le sort des individus ayant une lésion de la moelle épinière.
Type de lésion
La hauteur de la lésion au niveau de la colonne vertébrale aura un grand effet sur l’ampleur des dysfonctionnements des sensations et des actions motrices de l’individu. La tétraplégie survient suite à une lésion au niveau cervical de la colonne vertébrale et entraine une altération de la fonction des bras, du tronc et des jambes. La paraplégie fait référence à une lésion des segments thoraciques, lombaires ou sacrés. Par sa position dans la colonne, la lésion n’entraine pas une altération des bras. La plus grande majorité des blessés médullaires utilisent un fauteuil roulant à la main (entre 70% et 84%). Près de 53% des lésions causent la tétraplégie et 47% causent la paraplégie. Les lésions peuvent être complètes (45%) ou incomplètes (65%), ce qui aura un effet sur la motricité du blessé médullaire. La lésion incomplète est plus commune pour la tétraplégie (38% des cas) que pour la paraplégie (27% des cas). En plus du type de lésion, le fonctionnement d’une personne ayant une blessure médullaire est affecté par son niveau d’activité physique, son âge et des troubles associés à sa lésion (ex ; douleur).
L’activité physique
Les bénéfices de l’activité physique, ainsi que du sport individuel et collectif sont variés. Les bienfaits généraux sont bien connus ; bouger permet d’être mieux physiquement et psychologiquement. La diminution du risque de cancer et de maladie cardiovasculaire, le maintien du poids, l’amélioration de la qualité du sommeil, ainsi que l’amélioration de l’estime de soi font partie des grandes motivations à faire de l’activité physique.
Bien que l’activité physique soit importante pour tous, elle l’est d’autant plus pour une personne qui vit avec un handicap. En effet, les personnes en situation de handicap sont plus à risque de développer des maladies cardiovasculaires et chroniques tel que le diabète de type 2. L’environnement inadéquat et la limitation du handicap causent la sédentarité qui est l’un des facteurs les plus présents dans cette population. Malheureusement, les études démontrent que les personnes blessées médullaires ne sont pas assez actives, ce qui aggrave les effets négatifs de la lésion et augmente les chances de maladies. Pourtant, les bienfaits corporels de l’activité physique d’endurance en fauteuil roulant sont équivalents à ceux pratiqués par des personnes sans blessure médullaire. D’ailleurs, il a été démontré que les exercices spécifiques permettent d’améliorer la santé et l’indépendance fonctionnelles des personnes avec une lésion médullaire.
En plus des bienfaits corporels, la pratique d’activité physique a des bienfaits au niveau psychologique. La participation aux activités sportives est un moyen efficace de sortir de l’isolement et d’augmenter le sentiment d’accomplissement de soi. Aussi, la pratique d’activité physique régulière peut réduire la dépression et augmenter la satisfaction de la vie chez les blessés médullaires. Bouger prend donc tout son sens lorsque l’on sait que le taux de dépression est quatre fois plus élevé chez les blessés médullaires que pour la population en général.
Recommandations en activité physique
Les recommandations en activité physique pour les personnes ayant une lésion médullaire depuis plus de 6 mois et utilisant un fauteuil roulant manuel sont d’effectuer au minimum 30 minutes d’exercice en aérobie modéré 5 fois par semaine ou plus de 20 minutes d’activité en aérobie vigoureuse 3 fois par semaine. Ces entrainements devraient aussi être accompagnés d’au moins 2 entrainements par semaine en musculation et 2 entrainements par semaine en flexibilité. Les recommandations sont un bon guide, par ailleurs, la prescription d’activité physique devrait surtout déprendre du niveau initial de la personne.
GUY HAJJ BOUTROS
Étudiant au doctorat à l’université McGill au département de Médecine Expérimentale. Il a complété un bacc. et une maîtrise en Kinésiologie de l’UQAM. Il enseigne comme chargé de cours au dép. des Sciences des l’acitivité physique à Montréal. En apprendre davantage ici.
MARIE-ANNE LANDRY-DUVAL
Étudiante de 3e année de kinésiologie à l’UQAM. Elle est également intervenante-bénévole à l’Association Sportive des aveugles du Québec. Elle envisage de continuer au cycle supérieur pour approfondir ses connaissances. En apprendre davantage ici.
Références :
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