Les blessés médullaires
Les blessés médullaires rencontrent plusieurs problématiques aux niveaux pulmonaires et moteurs affectant leur autonomie. Ces altérations sont caractérisées par une paralysie ou une faiblesse des muscles respiratoires qui affectent leur fonction pulmonaire. Ces affaiblissements conduisent souvent à des difficultés respiratoires ou même à une pneumonie. La fréquence élevée des complications respiratoires chez les individus atteints d’une lésion au niveau cervicale augmente le risque de morbidité et de mortalité. Malheureusement, les complications respiratoires se trouvent parmi les principales causes de décès chez cette population. Ces changements au niveau des capacités pulmonaires, en grande partie causés par un déficit musculaire, sont fréquemment observés chez les tétraplégiques. En effet, le degré de complication dépend du niveau de la blessure. Cette réduction de la ventilation et de l’efficacité des échanges gazeux, à la suite d’une paralysie des muscles respiratoires, affecte les activités quotidiennes et limite la capacité d’exécuter des efforts physiques. Ainsi, le renforcement des muscles respiratoires, chez des patients atteints d’une blessure affectant la contractilité de ces muscles, est fortement recommandé pour améliorer leur qualité de vie.
Étude de Van Houtte
Dans un article publié par Van Houtte et ses collaborateurs, l’entraînement des muscles respiratoires contribue à l’amélioration de la force musculaire expiratoire, la capacité vitale et le volume résiduel. Par ailleurs, suite aux résultats de cette étude, d’autres alternatives impliquant l’exercice se sont développées pour maintenir une bonne santé au niveau pulmonaire chez les individus tétraplégiques. En effet, les complications respiratoires résultant de cette blessure s’amplifient en raison d’un mode de vie sédentaire. La participation à des activités physiques et sportives est fortement encouragée. Les activités sportives adaptées, comme le rugby en fauteuil roulant, sont considérées comme des interventions primordiales pour la rééducation et la réintégration sociale. D’après Sporner et ses collaborateurs, il est recommandé que les utilisateurs de fauteuil roulant pratiquent au moins 20 minutes d’activité physique par jour pour maintenir un mode de vie sain et éviter le développement de complications métaboliques.
D’ailleurs, une séance de rugby en fauteuil roulant dépasse les recommandations suggérées par la littérature. Lors d’une partie de rugby, le ballon peut être porté, driblé ou passé de n’importe quelle manière, sauf par des coups de pied, et doit rebondir au moins une fois toutes les 10 secondes. Les athlètes marquent un but en portant la balle au-dessus de la ligne de but de l’adversaire. Tel que décrit, les athlètes doivent utiliser plusieurs groupes musculaires, mais surtout ceux des membres supérieurs. Le rugby en fauteuil roulant est un sport exigeant dont les matches sont divisés en quatre quarts de 8 minutes. En incluant le temps d’arrêt, le jeu peut durer une heure. D’après le chercheur Sarro et ses collaborateurs, lors d’une épreuve de compétition internationale, la distance totale parcourue par les joueurs est de 3501 m à 5657 m. Cette distance démontre que l’activité est relativement intense, surtout en considérant la fréquence d’accélération et de décélération nécessaire pendant la partie. Donc, la participation à ce sport peut améliorer la condition physique des blessés médullaires et prévenir plusieurs maladies. En effet, plusieurs études réalisées chez des athlètes en fauteuil roulant ont suggéré que l’activité physique a plusieurs bénéfices sur la santé physique. Elle augmente la force musculaire, la cinétique du mouvement et diminue les risques de développer des maladies métaboliques. De plus, un des bénéfices importants qui a été rapporté est l’amélioration de la qualité de vie.
Étude de Moreno
Une étude réalisée par Moreno et ses collaborateurs a démontré qu’après 1 an d’entraînement régulier de rugby en fauteuil roulant, la fonction pulmonaire des joueurs a été améliorée comparativement au groupe contrôle. L’augmentation était de 9,12%, 9,05% et 6,5% au niveau de la capacité vitale pulmonaire, le volume pulmonaire et la ventilation pulmonaire chez les personnes qui pratiquaient le rugby. Ces trois facteurs sont considérés comme la base du système respiratoire et de son fonctionnement. D’ailleurs, les personnes atteintes de tétraplégie ont tendance à développer des complications respiratoires à cause du dysfonctionnement du système. En effet, les sujets étaient surveillés pendant 1 an et aucune personne n’a présenté de complications respiratoires, telles qu’une pneumonie (infection ou inflammation des poumons) ou une atélectasie (affaissement des alvéoles), qui sont considérées comme des évènements fréquents qui apparaissent chez cette population. De plus, une autre étude effectuée par Crane et ses collaborateurs a démontré que les capacités pulmonaires se sont améliorées chez des personnes non entrainées suite à la pratique de plusieurs sports, comme le kayak adapté, le basketball en fauteuil roulant ou même le rugby en fauteuil roulant.
Conclusion
Un mode de vie inactif peut causer des complications cliniques importantes qui mènent au développement de pneumonies, d’atélectasies et d’infections respiratoires chez cette population. Ces études ont démontré que l’entraînement régulier au rugby en fauteuil roulant peut améliorer la fonction pulmonaire de personnes atteintes d’une tétraplégie. Il est très important d’encourager la pratique d’activités physiques et sportives en parallèle à la thérapie physique traditionnelle, afin de promouvoir de saines habitudes de vie auprès de cette population.
GUY HAJJ BOUTROS
Étudiant au doctorat à l’université McGill au département de Médecine Expérimentale. Il a complété un bacc. et une maîtrise en Kinésiologie de l’UQAM. Il enseigne comme chargé de cours au dép. des Sciences des l’acitivité physique à Montréal. En apprendre davantage ici.
MARIE-ANNE LANDRY-DUVAL
Étudiante de 3e année de kinésiologie à l’UQAM. Elle est également intervenante-bénévole à l’Association Sportive des aveugles du Québec. Elle envisage de continuer au cycle supérieur pour approfondir ses connaissances. En apprendre davantage ici.
Références :
Marlene A. Moreno, Juliana V. Paris, Karine J. Sarro, Amanda P. Silvatti and Ricardo M. Barros, wheelchair rugby improves pulmonary function in people with tetraplegia after 1 year of training Journal of Strength and Conditioning Research 27(1)/50–56
Aito, S. Complications during the acute phase of traumatic spinal cord lesions. Spinal Cord 41: 629–635, 2003.
Crane, L, Klerk, K, Ruhl, A,Warner, P, Ruhl, C, and Roach, KE. The effect of exercise training on pulmonary function in persons with quadriplegia. Paraplegia 32: 435–441, 1994.
Goosey-Tolfrey, V, Castle, P, andWebborn, N. Aerobic capacity and peak power output of elite quadriplegic games players. Br J Sports Med 40: 684–687, 2006.
Gross, D, Ladd, HW, Riley, EJ, Macklem, PT, and Grassino, A. The effect of training on strength and endurance of the diaphragm in quadriplegia. Am J Med 68: 27–35, 1980.
Hoffman,MD. Cardiorespiratory fitness and training in quadriplegics and paraplegics. Sports Med 3: 312–330, 1986.